Joel Andrianomearisoa court aux quatre coins des expressions dans le bruit de l’art d’aujourd’hui. Contemporain ? Probablement dans l’expression parfaite de la fin des barrières des disciplines.

S’il y a un fil à tirer dans les travaux de Joël Andrianomearisoa c’est l’espace, l’espace des performances, l’espace des vidéos et des corps, l’espaces de tapisseries et des textiles, mêlés de deux sensualités, l’une, improbable, totalement désincarnée qui replie sans cesse son carré fondateur, l’autre qui touche des corps dont l’esthétique a tout à voir avec une beauté incrustée dans notre inconscient. Amusant d’utiliser ce mot indéçant de la « beauté » pour évoquer ces corps noirs et blancs de la nuit, la caresse sur une plaie ouverte renversant les attendus que sans cesse le carré noir fondateur va remettre dans sa géométrie du plaisir.

Regarder la liste des travaux de Joël Andrianomearisoa montre une suite prolifique où le doute est souvent absent quelle que soit la nature de ce qu’il fabrique : il a 19 ans quand il fait la couverture de Revue Noire Madagascar avec la photographie d’une de ses performances. Puis s’empilent ensuite toutes les expériences autour du carré alors qu’il fait ses études d’architecture à Paris : le textile, le costume, l’installation, et toujours la performance. De l’ARC du Musée d’Art Moderne à Paris, à Sydney au Musée des Beaux Arts……, Pascal Marthine Tayou l’intègre dans son – Fun Five Fun Story – où il se lie d’amitié avec Moshekwa Langa. Une bande amicale avec quelques autres, dont le petit jeune serait Joël. Aujourd’hui il sort d’un travail sur l’espace et la vidéo dans la direction artistique qu’il partage avec la chorégraphe Kettly Noel pour sa pièce Chez Rosette créée en juin 2008 pour Montpellier Danse et La Villette à Paris. Tandis qu’il commence un nouveau travail de collage papier où le noir qu’il associe toujours à la géométrie laisse parfois percer la couleur.

Joel avec ses affirmations pleines sinistres et joyeuses, n’a jamais été tenté par la gloire du Rien, mais avidement par la sobriété du Tout. Cela ne voudrait rien dire si justement les images et les espaces, l’univers de Joël Andrianomearisoa n’étaient pas là : donner au non discours, ce nouvel inconnu, une forme.